10 août. Une manifestation est prévue à la dernière minute à Walaja,
le village entouré du Mur que nous avons visité l’autre jour. Malheureusement
je manque le rendez-vous pour s’y rendre avec Pierre, Ur, Ella et ROR
Jérusalem. Une malencontreuse croix mal située sur un malheureux plan… Pierre
me racontera plus tard :
la manifestation a commencé en bas du village, près du vieil olivier que nous sommes allés voir, sur la route en terre qui prépare le Mur. Trois bulldozers y sont stationnés près des arbres arrachés, arrêtés par les soldats parce qu’en zone militaire. Une cinquantaine de personnes participent à la manifestation, dont une vingtaine de Palestiniens. Les soldats ont repoussé les manifestants à travers les oliviers à l’aide de grenades lacrymo. Les gens se sont retrouvés à remonter la pente en courant pour commencer un sitting à l’entrée du village. Alors qu’ils étaient calmes et que certains commençaient à partir, les soldats ont soudain chargé et tout le monde s’est remis à courir. Ur a été arrêté, ainsi que 6 autres personnes. Les jeunes lançaient des pierres depuis les maisons, en riposte à une avalanche de bombes lacrymo. Les manifestants se sont réfugiés et calfeutrés dans les maisons le temps que les soldats sortent du village. Ur, comme tous les Israéliens arrêtés dans ce genre d’occasion, sera relâché quelques heures plus tard.
la manifestation a commencé en bas du village, près du vieil olivier que nous sommes allés voir, sur la route en terre qui prépare le Mur. Trois bulldozers y sont stationnés près des arbres arrachés, arrêtés par les soldats parce qu’en zone militaire. Une cinquantaine de personnes participent à la manifestation, dont une vingtaine de Palestiniens. Les soldats ont repoussé les manifestants à travers les oliviers à l’aide de grenades lacrymo. Les gens se sont retrouvés à remonter la pente en courant pour commencer un sitting à l’entrée du village. Alors qu’ils étaient calmes et que certains commençaient à partir, les soldats ont soudain chargé et tout le monde s’est remis à courir. Ur a été arrêté, ainsi que 6 autres personnes. Les jeunes lançaient des pierres depuis les maisons, en riposte à une avalanche de bombes lacrymo. Les manifestants se sont réfugiés et calfeutrés dans les maisons le temps que les soldats sortent du village. Ur, comme tous les Israéliens arrêtés dans ce genre d’occasion, sera relâché quelques heures plus tard.
Vidéo de l’action :
Je rejoins Pierre et nous partons pour Naplouse. J’ai un
souvenir particulier de cette ville il y a deux ans. Durement réprimée au
moment de l’intifada, elle sortait à peine de son traumatisme, ville fantôme où
recommençait à vivre doucement les commerces.
Deux ans après, je ne la reconnais pas du tout. Nous
atterrissons dans un magnifique marché aux légumes où nous attendons notre hôte
du jour. Il s’agit d’Ahmed, que je connais par le restaurant qu’il tient depuis
plusieurs années à Paris près de mon boulot. Il est cet été de retour dans sa
famille et nous accueille, Pierre et moi, à bras ouverts, chez sa maman au
village de Zawata qui est dans le faubourg des hauteurs de Naplouse. Très vite
il nous raconte la situation de la ville et des gens ici, qu’il redécouvre
après plusieurs années d’absence (et qu’il a fait découvrir à ses filles
adolescentes).
Naplouse a été détruite plusieurs fois. Il y a beaucoup de
camps de réfugiés, c’est la ville la plus enserrée par les Israéliens au niveau
économique. Le village de Zawata produisait beaucoup d’aliments pour Naplouse,
et en livrait par solidarité aux gens de la ville qui étaient sous couvre-feu.
Il y avait beaucoup de troc alimentaire entre fruits, légumes, pigeons, lapins…
les gens étaient auto-suffisants.
Cela a bien changé : A Naplouse, nous dit-il, il y a au
moins un policier dans chaque famille. 90% des gens ont des crédits. La 17e
personne la plus riche au monde est d’ici. D’ailleurs, deux familles ont tout
l’argent ici. La corruption va croissante. C’est le capitalisme flamboyant. On
trouve facilement de la drogue, d’ailleurs les gens en parlent facilement
(surtout à Jérusalem).
Ahmed nous emmène arpenter les rues de son village et nous explique les transformations du paysage dues à la colonisation, les routes privées d'accès...
Il y avait une rivière qui coulait là, avec des oiseaux, du fromage, des figues... Les colonies ont pris toute l’eau. Voilà ce qu'il en reste. »
Nous passons devant une exploitation de vaches très à l’européenne,
installée par une des grandes familles capitalistes en dehors de toute
cohérence culturelle et environnementale.
Nous fêtons l’iftar chez sa sœur et sa famille, un beau
moment de partage, avec un magnifique knafé, la spécialité locale !
La sœur et le beau-frère d’Ahmed ont perdu un fils dans le
maquis, tué à coup de grenade, le bras déchiré. Il avait 19 ans. Il y a deux
grands et beaux portraits de lui dans la maison.
Ils nous montrent aussi les
photos de l’incendie des oliviers il y a 10 jours dans le village. Incendie
causé par l’armée avec ses grenades. Jusqu’à il y a quelques mois, l’armée
venait régulièrement rôder dans le village. Ils occupent des maisons pendant
des mois. Les familles qui ont un martyr sont interdites de circulation par
exemple pour aller à Al Quds-Jérusalem. Et même si un Palestinien a une
autorisation pour aller quelque part, le soldat à la frontière peut décider de
lui interdire quand même le passage.
Ahmed nous parle aussi des échanges entre Palestiniens et
juifs avant les accords d’Oslo, où la situation était selon lui confortable.
Pas facile de communiquer avec la maman d’Ahmed qui nous
accueille gentiment chez elle. Des sourires, des gestes, cela suffit pour
s’apprécier.
Le lendemain nous visitons le vieux Naplouse. Ahmed se
désole de voir la magnifique vieille ville désertée, le cœur d’activité économique
de la ville s’étant désormais déplacé vers le nouveau marché. L’horloge, les
épices, le savon… Nous passons à côté de l’ancienne Muqata (palais
« présidentiel ») et nous rendons en taxi en haut de la colline près
de la propriété ostentatoire d’un des grands bourgeois de la ville. De là, nous
allons vers le village des Samaritains où un habitant, qui se révélera guide
par la suite, nous emmène voir des vestiges selon ses dires prestigieux :
une église byzantine octogonale de 1300 ans ; à côté, la mosquée de
Saladin ; et rien de moins que le lieu du sacrifice d’Abraham : une grande
pierre protégée par une grille.
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