Mahmoud et son ami Mohammed-el-Che-Guevara nous emmènent aujourd'hui faire le tour du district de Bethléem pour comprendre tous les aspects de la colonisation telle qu'elle se joue ici. Les colonies sont des blocs de bâtiments blancs à plusieurs étages, situées en haut des collines, entourées de barbelés, de caméras, de tours de guet et de soldats. Elles commencent en général par un îlot de caravanes, les « points d’avancement », qui petit à petit donnent lieu à de véritables villes, jusqu'à des dizaines de milliers d'habitants parfois. Les infrastructures de la ville ne tardent jamais à apparaitre, comme cette Université ultra moderne ou ce grand stade. En bas des colonies, les check-points filtrent les passages.
Dans un endroit, les colons ont interdit aux Palestiniens du chantier d'à côté de travailler le samedi pour ne pas les déranger, les Palestiniens sont donc obligés de travailler le vendredi, jour de leur repos hebdomadaire.
Nous nous étonnons que malgré la zone de non-droit que constituent les zones B et C de Cisjordanie (puisqu'il n'y a pas d'autorité palestinienne et que la police israélienne n'agit que pour protéger les colons), la société semble régulée avec peu de criminalité et d'insécurité civile. Mahmoud nous explique que dans les villages, les Palestiniens vivent sous des lois communautaires ancestrales où ce sont les familles qui gèrent les relations sociales et punissent selon un code traditionnel (par exemple un crime est puni du bannissement). Selon lui, ce fonctionnement permet à la société de ne pas tomber dans l'anarchie ni la criminalité. Il est complété en dernier par des tribunaux palestiniens.
Khallet Sakariya est un petit village très ancien coincé entre deux colonies. La pression israélienne y est terrible : 10 procès pour expulsion sont en cours, pas de construction ni de rénovation possibles, la mosquée plusieurs fois centenaire tombe en ruines et n'a plus le droit d'émettre le chant de la prière, le bâtiment d'extension de l'école s'est arrêté à mi-hauteur. Sans toit ni sol, les habitants n'ont pas le droit de cimenter les briques du mur, les enfants suivent donc des cours entre 3 piles de briques instables couvertes d'une bâche en plastique. Les villageois sont ainsi invités à quitter les lieux. Nous rencontrons Abou Ibrahim, un ancien du village qui y est né il y a 107 ans ! Il a donc connu la domination ottomane, britannique, et a vu s'installer les premières colonies jusqu'à en être encercle. Il nous raconte qu’il y avait des juifs palestiniens avant 48 ici et il en a même protégés pendant la guerre en 48.
"Les clés du Ciel et de la Terre sont dans les mains de Dieu" nous dit Abou Ibrahim. Une autre rencontre sur le seuil d'une épicerie : une vieille dame en habits traditionnels qui nous offre des figues et nous sermonne gentiment sur nos avant-bras nusDans un endroit, les colons ont interdit aux Palestiniens du chantier d'à côté de travailler le samedi pour ne pas les déranger, les Palestiniens sont donc obligés de travailler le vendredi, jour de leur repos hebdomadaire.
Nous nous étonnons que malgré la zone de non-droit que constituent les zones B et C de Cisjordanie (puisqu'il n'y a pas d'autorité palestinienne et que la police israélienne n'agit que pour protéger les colons), la société semble régulée avec peu de criminalité et d'insécurité civile. Mahmoud nous explique que dans les villages, les Palestiniens vivent sous des lois communautaires ancestrales où ce sont les familles qui gèrent les relations sociales et punissent selon un code traditionnel (par exemple un crime est puni du bannissement). Selon lui, ce fonctionnement permet à la société de ne pas tomber dans l'anarchie ni la criminalité. Il est complété en dernier par des tribunaux palestiniens.
Khallet Sakariya est un petit village très ancien coincé entre deux colonies. La pression israélienne y est terrible : 10 procès pour expulsion sont en cours, pas de construction ni de rénovation possibles, la mosquée plusieurs fois centenaire tombe en ruines et n'a plus le droit d'émettre le chant de la prière, le bâtiment d'extension de l'école s'est arrêté à mi-hauteur. Sans toit ni sol, les habitants n'ont pas le droit de cimenter les briques du mur, les enfants suivent donc des cours entre 3 piles de briques instables couvertes d'une bâche en plastique. Les villageois sont ainsi invités à quitter les lieux. Nous rencontrons Abou Ibrahim, un ancien du village qui y est né il y a 107 ans ! Il a donc connu la domination ottomane, britannique, et a vu s'installer les premières colonies jusqu'à en être encercle. Il nous raconte qu’il y avait des juifs palestiniens avant 48 ici et il en a même protégés pendant la guerre en 48.
Un paradoxe nous préoccupe :
D'un cote Israël, via son armée, sa police et les colons qu'il soutient très proactivement viole chaque jour les règles internationales, et au-delà de cela les règles humanitaires et de droits humains les plus élémentaires allant jusqu'à des crimes contre l'humanité.
De l'autre, les expulsions des Palestiniens se font sur la base des décisions de justice israéliennes. Même si celles-ci se font souvent grâce à de faux titres de propriété et en créant des lois vicieuses, pourquoi Israël s'encombre-t-il de ces procédures administratives pour justifier ses actes alors que l’impunité règne sur ses forces d’occupations militaires et civiles ?
Mohammad El Che Guevara nous montre une autre immense colonie, Betar Illit. 22000 colons surplombent le village de 7000 Palestiniens Nahhalin. Le contraste des habitations est terrifiant.
Tout près, le tunnel en construction est un exemple emblématique de l'apartheid qui est mis en place : long de seulement 20m, il a pour objectif de devenir le seul accès pour les Palestiniens reliant Bethléem aux villages situés dans les colonies, un goulet d'étranglement pour éviter que les Palestiniens partagent les routes des Israéliens, et qu'il sera aise de fermer au moindre prétexte.
Alors que nous parlons des positionnements des différents partis politiques (les différences entre eux ne sont, pour beaucoup, pas idéologiques mais politiciennes), Mahmoud nous parle de son cousin, membre du Djihad islamique élu en connaissance de cause à Bethléem, y compris par des chrétiens, et tue de 50 balles dans le corps par des soldats israéliens sous les yeux de l'autorité palestinienne.
Nous longeons le Mur par le Nord, frontière entre Bethléem et Jérusalem. Un long mur très gris décore de fresques plus ou moins artistiques, allégoriques, d’espoir, en toutes langues. On y croise par exemple les portraits géants du projet Face2face. On nous raconte l’anecdote du pape qui, lors de sa dernière visite, devait aller près de ce Mur. Comme les Israéliens ne voulaient pas qu’ils soient filmé près du Mur, ils l’installèrent dans une école tout près. C’est alors que les Palestiniens démontèrent un pan du mur de l’école derrière lequel le Mur de l’apartheid apparut devant les médias du monde entier. Nous arrivons au fameux check-point permettant de traverser le mur entre Jérusalem Est et Bethléem, un passage très étroit grillage y fait passer les gens au goutte à goutte, avec contrôle d’identité des Palestiniens par empreintes digitales. Au nord de la ville de Bethléem, une colonie immense construite il y a seulement 4 ans, un téléphérique est en construction pour joindre le haut de la ville de Bethléem et cette colonie afin de récupérer la manne touristique de la Ville palestinienne au profit d’Israël.
En sortant du restaurant, nous croisons un convoi de voitures, qui escorte Abou Mazen, rien que ça. Nous dégainons les appareils photos quand une jeep surgit et fait un dérapage contrôlé juste devant nous. C’est l’autorité palestinienne qui nous somme de leur montrer les photos et de les effacer. Je passe entre les gouttes, ma vidéo restera.
A l’Est de Bethléem maintenant, c’est le désert de Judée et plus loin la vallée du Jourdain, la mer morte et la Jordanie. Un sol riche en minéraux totalement contrôlé par Israël. C’est là que Jésus aurait dialogué avec Satan et qu’a été construite la montagne artificielle d’Hérode, il y a très longtemps. De là-haut outre le magnifique paysage, nous observons la grande colonie d’extrémistes (des cows boys) où Liebermann a une maison. Cette zone est la 3e réserve d’eau de Palestine mais qui est totalement sous contrôle israélien, les Palestiniens ont donc peu d’eau et la payent plus cher.
Dans la soirée, nous rencontrons brièvement un responsable de la campagne Stop the Wall qui nous parle de la campagne en cours contre l’entreprise française Veolia qui construit les infrastructures de la colonisation.
Nous faisons un tour au camp d’été du nouveau parti Initiative Nationale Palestinienne, dite « Moubadara », où Mohammed-el-Che-Guevara fait un discours en faveur de Gaza. L’occasion de découvrir l’identité du parti qui s’adresse beaucoup aux jeunes sur la base de 2 états sur les frontières de 67. Nous enchaînons avec une fête organisée par une association humanitaire au profit des enfants des camps de réfugiés, j’y discute avec des jeunes gens réfugiés. L’une d’elles, Maysoon, a ses origines dans le Neguev. Elle a pu aller une fois dans son village mais le dialogue avec les arabes israëliens était difficile « Nous n’avons plus la même mentalité »
Dans la nuit, je suis en train de taper mon compte rendu quand j’entends des pas près de la maison. Mohammed nous expliquera le lendemain qu’il a peu dormi cette nuit-là car des soldats sont entrés dans le village où ils ont rodé pendant 2h.
Décidément, la Palestine est une histoire de pierres, un immense chantier, toujours en construction, pour le pire (la colonisation) et pour le meilleur (l’entêtement à reconstruire). Mohammed nous interpelle : « Ils disent que c’est ici chez eux, mais quel colon connaît le nom de ces pierres ? » Qu’elles soient pour l’intifada ou pour la reconstruction des villages, les pierres sont l’embleme de la lutte des Palestiniens pour leur terre.
Quant à la végétation, elle est à l'image du drame de cette terre. Tout est épineux, les buissons ressemblent a des grillages, certaines plantes ont des barbelés (cf photos). C'est saisissant…
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