05/08/2011

Les mots contre les armes

C'est le 1er vendredi du ramadan, ce qui veut dire affluence des musulmans à la vieille ville de Jérusalem pour la grande prière. Un peu comme à Carrefour les samedis après-midi avant Noël.... Israël est sur le qui-vive, l'accès à la Porte de Damas est contrôlé par un check point où les Palestiniens sont filtrés : pour pouvoir passer, il  faut avoir plus de 50 ans pour les hommes et plus de 35 ans et être mariée (!?) pour les femmes. Malgré cette restriction, c'est un flux permanent de musulmans "envendredisés" (plutôt qu'endimanchés).
Pour le ramadan, les ruelles du quartier musulman sont enguirlandées d'ampoules de couleur, de dessins et versets sur les murs. Les bus de la porte de Damas sont détournés, il y a des routes barrées partout, quel bins ! Mais Pierre, Anne et moi arrivons quand même à sauter dans un bus, puis un taxi, et arriver à temps à Al Ma'sara pour la manifestation hebdomadaire contre le Mur.

On y retrouve les joueurs de samba de ROR - maintenant avec mon tambourin je maîtrise mieux leur groove "Hafa".

Pas de mise en scène particulière cette semaine, et moins de Palestiniens présents. Because ramadan. Ce qui est intéressant dans cette manifestation-ci, c'est le contact verbal entre les Palestiniens et les soldats.
Ils esquissent presque un dialogue, presque en "frères ennemis" ou en voisins rivaux, comme s'ils se connaissaient depuis tout petits. Et en même temps on sait que si les choses s'enveniment ce sera une affaire de vie et de mort entre eux. Cette familiarité dans la guerre est vraiment bizarre...
Enfin c'est surtout les Palestiniens qui parlent car les soldats n'ont pas le droit de parler. Mahmoud les interpelle - en anglais - sur leur jeune âge, le fait qu'ils se cachent derrière leurs casques et leurs armes, alors que les Palestiniens sont bras nus. Habillés en eux-mêmes, c'est tout. Leur conviction comme arme, leur dignité comme armure. Il leur parle de l'apartheid qui empêche les Palestiniens d'aller prier à Al Aqsa et de l'injure ainsi faite à la liberté de culte pour un pays qui se revendique d'une religion :

"Israël se prétend-il le sous-traitant de Dieu ?". 


En fait, les jeunes soldats en première ligne parlent très peu, juste entre eux. Par contre le commandant, qui se planque derrière eux, lui, répond (quoi ? je n'en sais rien je n'entends pas). Beaucoup de photos sont prises de part et d'autres, les gamins s'approchent tout près des soldats. C'est une drôle d'image que de les voir se faufiler entre eux, les chatouiller de leurs drapeaux et se tordre pour les prendre en photos sous leur nez, avec une vigilance innocente, alors que les soldats ont les jambes bien arquées sur le sol, sans bouger, leur grosse arme bien en évidence, évitant de les regarder.

Mais il paraît qu'on aurait vu l'un d'eux battre la mesure de la samba de sa main posée sur son arme...

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