31/08/2009

"Es-tu un terroriste?"

Mon camarade Djamel nous raconte son épopée à l'aéroport pour son retour en France. ça vaut la lecture !

"En arrivant au premier check-point (qui est encore très loin de l'entrée de l'aéroport), un soldat est monté dans le sherout et a demandé les passeports. Quant il a vu le mien, il m'a fait descendre avec les bagages. Et le sherout est reparti sans moi.

Passage au détecteur et fouille rapide des bagages avec détecteurs et chiffons. Ils ont mis un n°24 dessus. Question:
Pourquoi es-tu venu? Combien de temps? Connais-tu des gens? Où es-tu allé? As-tu des armes? Es-tu un terroriste?

Réponses: "tourisme religieux", "un mois", "non, j'étais seul", "la plupart du temps, à Jérusalem", "non", "moi? heu ... non"
A chaque fois, j'ai eu des réponses très succinctes et il n'a pas creusé. ils prennent ton téléphone portable pour le checker.
ensuite, il m'a dit de me débrouiller pour aller à l'aéroport. je lui ai dit que c'était de leur faute. il m'a juste dit: "écoute, je vais t'aider, au-delà de 30 shekels, tu refuses et négocie à 20-25"
je ne m'attarde pas et vais vers un taxi qui subit une fouille au check-point. il est vide. je lui explique la situation et lui demande de me déposer vite fait (il y va dans tous les cas et c'est à 5 minutes). Il me répond: "gratuitement?". je dit que oui, ça me paraît naturel!
il me répond: "50 shekels". je le regarde avec des gros yeux. "40 shekels!".
je le regarde avec mépris et me casse. un soldat à côté vient me voir. je lui explique qu'il est hors de question que je paye le taxi. il me dit ok, va dans la salle, je vais te débrouiller un truc. à ce moment, le soldat de tout à l'heure arrive et polémique avec l'autre. il a dû lui dire de me laisser me débrouiller mais l'autre soldat a semblé insister et m'a fait un geste pour me dire de rentrer dans la salle.

finalement, une voiture de sécurité m'emmènera. sur le trajet. et une fois encore, mêmes questions du chauffeur:
"Pourquoi es-tu venu? Combien de temps? Connais-tu des gens? Où es-tu allé?"
mêmes réponses sauf que je développe où je suis allé sous son insistance: "nazareth, saint jean d'acre et haifa".
- "c'est tout?"
- "c'est tout".
il continue. "à quel heure est ton vol?". je lui dis: "21h". "pourquoi es-tu arrivé aussi tôt" - "parce qu'on me l'a dit" - "qui te l'as-dit" - "le gars chez qui j'ai fait la réservation du sherout"!
on arrive, il me fait descendre et me dit en revoir.. je vais rentrer dans l'aéroport et un nouvel agent m'arrête. "pourquoi es-tu là". - tourisme religieux. - ok passe.

bref, je rentre dans l'aéroport.. je vais aux toilettes pour laver mes lunettes parce que je viens de me rendre compte que c'est la seule chose que je n'ai pas lavé depuis la dernière manif et pourtant mes lunettes ont pris du gaz plein les yeux!! (on devient parano à force de s'engouffrer dans l'aéroport)

je me dirige ensuite pour enregistrer mes bagages. une dame m'arrête et me repose exactement les mêmes questions en insistant un peu plus. mais jamais ils n'ont demandé quels hôtels et ce que j'ai fait exactement dans chaque ville. Une question subsidiaire: "quelle langue tu parles?" j'ai dit français, anglais et un petit peu l'algérien!
- "as-tu des cadeaux de la part de gens ?"
- "oui, j'ai un bob" (en fait comme j'ai fait les manif avec et que je ne l'ai lavé qu'une seule fois, je me suis dit que si ils y trouvaient du produit, je dirai que c'est un gars de l'hôtel qui a insisté pour me le refiler en guise d'amitié. j'avais prévu de l'appeler jean-claude)
elle me rajoute à ce moment là un sticker jaune avec écrit dessus "HAT" ("chapeau")
Elle me colle ensuite le n°6 sur mes bagages. je les passe ensuite au détecteur avant de les poser sur un comptoir où une fouille complète aura lieu. il ne laisse rien et passe presque tout dans des détecteurs.

ensuite je referme mes bagages et les laisse sur place. je dois suivre un gars qui m'emmène dans une cabine où je dois enlever tous mes accessoires qu'il va passer dans des détecteurs. ensuite, j'ai droit à une fouille corporelle mais il ne m'a pas demandé de me déshabiller.

je retourne aux bagages et je dois suivre une dame qui m'emmène au guichet d'enregistrement. c'est là que c'est drôle parce qu'il y avait un monde fou qui râlait parce que les guichets étaient encore fermés. mais comme je suis suspect, je passe devant tout le monde et la guichetière me fait l'enregistrement et me remets ma carte d'embarquement. une dame dans la queue parle tout fort: "pourquoi ils ouvrent pas, pourquoi on attend, et pourquoi y a des privilégiés qu'on fait passer? ...".
je me retourne et lui explique que je n'en ai moi-même aucune idée et que je ne fais que suivre les consignes. elle s'excusera!

mais ce n'est pas terminé car en fait mon bagage étant suspect, il ne passe pas dans le tapis roulant comme pour les autres. on me dit de le récupérer et de suivre un agent. il m'emmène au niveau d'un ascenseur où je dépose mon cabas ... il ne partira pas avec les autres.
je demande s'il sera refouillé. l'agent me répond que non et que y a pas de problème, il partira normalement
(Magali, je crois que l'histoire de l'ascenseur, c'est pour tous les n°5 et 6)

après cela, je passe encore comme un privilégié par une porte de service. mon agent (femme) me quitte à ce niveau-là avec un grand sourire et me dit d'aller tout droit jusqu'au guichet de contrôle des passeports. Là, une "..." prend mon passeport et me demande pourquoi je n'ai pas de visa. je fais juste un signe "qu'est-ce que vous voulez que je vous dise"
elle me rend le passeport et me dit d'un air très méprisant: "allez c'est bon c'est bon partez!!"

je passe et ... c'est terminé!

finalement, je suis le premier arrivé dans le grand centre commercial qui sert de transit pour embarquer. Il est 18H30. j'avais été arrêté au premier check-point vers 17H30-45
donc c'est pas si long. ça a l'air même d'être moins long que pour les N°1 et les N°2!!!
je flânerai donc deux heures avant d'embarquer.

conclusion: si tes habits sont cleans et que t'as pas de prospectus du hamas dans ton sac, il n'y a pas trop de souci à se faire. ils n'ont pas ouvert (a priori) mon laptop ni mon appareil photo. le seul appareil qu'ils ont checké fut mon téléphone.

les questions sont répétitives mais jamais insistantes et jamais trop dans le détail.
à part le premier soldat désagréable et qui a voulu me faire payer le taxi et la dernière pouf avec son chewing-gum, tous les autres ont été respectueux et pas du tout agressifs.
bon, ça reste mon expérience personnelle.
Djamel"

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