Nous partons de Naplouse à Ramallah, ou nous nous rendons sur l'incontournable tombe de Yasser Arafat. Un lieu assez sobre, bien gardé, avec une citation de Mahmoud Darwich.
Après une arnaque au taxi, un passage rapide par Jérusalem où nous reprenons des affaires à l'auberge de jeunesse et un casse-croute avalé sur le bord de la route, nous repartons pour Bethléem jusqu'au village Al Ma'ssara où nous avons été appelés il y a deux jours car des expulsions y sont imminentes. Les villageois demandent la protection des internationaux contre les attaques nocturnes des Israéliens. Nous arrivons en même temps qu'un groupe de Génération Palestine et quelques membres du NPA. L'ambiance est très paradoxale. Nous sommes dans une zone particulièrement menaçante pour les Palestiniens, et pourtant l'atmosphère est très détendue, presque festive. Mahmoud, notre hôte et le maire du village, nous explique pourtant la situation avec gravité, voire solennité.
C'est un homme très charismatique qui fait très vite allusion à Hugo Chavez. Cela m'étonne car beaucoup de nos précédents interlocuteurs parlaient de la lutte palestinienne comme d'une lutte unique au monde. C'est vrai que leur combat a la particularité, contrairement aux luttes de décolonisation en Afrique ou aux résistances d'Amérique, de ne pas avoir d'équivalent dans la région. En plus du fait que ce soit une situation de colonisation et d'occupation particulièrement radicale. Mahmoud est le maire du village et dirigeant du comité contre le Mur qui organise des manifestations chaque semaine contre la construction de nouvelles colonies et des barrières, routes et barbelés qui constituent le Mur de l'apartheid. Mahmoud insiste "c'est maintenant qu'il faut résister, chaque jour, car il y a 20 ans personne n'aurait pensé ce qui se passe a Sheikh Jarrah aujourd'hui". Pour lui, Oslo fut la pire des choses qu'on ait faites, avec des concessions qui ont donné lieu à une recrudescence de la colonisation (2 millions de nouveaux colons après Oslo). Carte à l'appui, il nous rappelle le principe du découpage de la carte de la Cisjordanie en 3 zones avec 60 pour cent des Palestiniens concentrés sur 5 pour cent du territoire dans les îlots d'autonomie, et entourées de zones occupées et contrôlées militairement.
Un premier tour dans le village nous donne un avant-gout de la journée de demain : le Mur est construit à 25 km au-delà de la ligne verte qu'il était censé suivre. Des colonies séparées forment aujourd'hui un seul espace compact de 50 000 colons sur 10 km alors que le district de Bethléem compte 90 000 habitants. Expropriations des terres pour construire le mur qui enfermera une fois fini 30 000 Palestiniens ! 70 pour cent des agriculteurs vont perdre leurs terres. L'objectif pour Israël est de réunir ainsi le "grand Jérusalem"
Les villageois saisissent tous les symboles pour manifester, en s'associant par exemple au 14 juillet français pour signifier leur volonté de libération nationale. Les manifestations donnent lieu à des arrestations y compris d'internationaux, les Palestiniens devant payer le prix fort même après reconnaissance qu'ils ne sont coupables de rien.
Mahmoud :Après une arnaque au taxi, un passage rapide par Jérusalem où nous reprenons des affaires à l'auberge de jeunesse et un casse-croute avalé sur le bord de la route, nous repartons pour Bethléem jusqu'au village Al Ma'ssara où nous avons été appelés il y a deux jours car des expulsions y sont imminentes. Les villageois demandent la protection des internationaux contre les attaques nocturnes des Israéliens. Nous arrivons en même temps qu'un groupe de Génération Palestine et quelques membres du NPA. L'ambiance est très paradoxale. Nous sommes dans une zone particulièrement menaçante pour les Palestiniens, et pourtant l'atmosphère est très détendue, presque festive. Mahmoud, notre hôte et le maire du village, nous explique pourtant la situation avec gravité, voire solennité.
C'est un homme très charismatique qui fait très vite allusion à Hugo Chavez. Cela m'étonne car beaucoup de nos précédents interlocuteurs parlaient de la lutte palestinienne comme d'une lutte unique au monde. C'est vrai que leur combat a la particularité, contrairement aux luttes de décolonisation en Afrique ou aux résistances d'Amérique, de ne pas avoir d'équivalent dans la région. En plus du fait que ce soit une situation de colonisation et d'occupation particulièrement radicale. Mahmoud est le maire du village et dirigeant du comité contre le Mur qui organise des manifestations chaque semaine contre la construction de nouvelles colonies et des barrières, routes et barbelés qui constituent le Mur de l'apartheid. Mahmoud insiste "c'est maintenant qu'il faut résister, chaque jour, car il y a 20 ans personne n'aurait pensé ce qui se passe a Sheikh Jarrah aujourd'hui". Pour lui, Oslo fut la pire des choses qu'on ait faites, avec des concessions qui ont donné lieu à une recrudescence de la colonisation (2 millions de nouveaux colons après Oslo). Carte à l'appui, il nous rappelle le principe du découpage de la carte de la Cisjordanie en 3 zones avec 60 pour cent des Palestiniens concentrés sur 5 pour cent du territoire dans les îlots d'autonomie, et entourées de zones occupées et contrôlées militairement.
Un premier tour dans le village nous donne un avant-gout de la journée de demain : le Mur est construit à 25 km au-delà de la ligne verte qu'il était censé suivre. Des colonies séparées forment aujourd'hui un seul espace compact de 50 000 colons sur 10 km alors que le district de Bethléem compte 90 000 habitants. Expropriations des terres pour construire le mur qui enfermera une fois fini 30 000 Palestiniens ! 70 pour cent des agriculteurs vont perdre leurs terres. L'objectif pour Israël est de réunir ainsi le "grand Jérusalem"
Les villageois saisissent tous les symboles pour manifester, en s'associant par exemple au 14 juillet français pour signifier leur volonté de libération nationale. Les manifestations donnent lieu à des arrestations y compris d'internationaux, les Palestiniens devant payer le prix fort même après reconnaissance qu'ils ne sont coupables de rien.
Notre hôte et deux amis à lui avec qui nous passons la soirée témoignent des incursions israéliennes régulières dans les villages. Les soldats s'approchent la nuit, camouflés de branchage et maquillés, ils rentrent parfois dans les maisons pour prendre quelqu'un, ou se contentent de rôder autour. Ils terrorisent les enfants, qui parlent sans cesse d'eux, à l'âge où ils ne peuvent distinguer un colon d'un Palestinien. Mahmoud nous raconte comment, pendant la 2eme intifada, la route reliant le camp à Al Ma'sara où il est prof d'arabe avait été interdite d'accès aux Palestiniens, même a pied. Il a ainsi fait tout le chemin à pied pendant 3 ans (3h de marche) sans vouloir renoncer à son poste. Lui et son ami Youssef, également professeur, comptent beaucoup sur l'éducation (il y en a 1500 dans le camp !). Mais ils nous disent que la situation est encore bien pire à Gaza, la où Mohammed a ses cousins, dans le camp de Jabalia – 1 million de personnes !
"Le Christ est palestinien que le Vatican le veuille ou non, et nous sommes les héritiers du message du Christ crucifié ici". "Nous sommes en train de vivre les dernières minutes d'une nuit très noire et nous espérons que l'aube arrivera bientôt"
Contrairement à toute attente, Leila, Manuella et moi sommes logés dans un très joli appartement situé dans le camp de réfugiés Al 'Arrub, que notre hôte Mohammed met à notre disposition totalement. Nous qui nous attendions à faire le guet dans une maison aux côtés d'une famille menacée d'expulsion, nous sommes dépaysées. C'est que visiblement les projets des Israéliens ont entre-temps changé… N'empêche que les filles ne sont pas tout à fait rassurées. Mohammed nous rassure : il dort dans la maison de son père à côté et viendra si quelque chose arrive cette nuit.
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